Les 20 mai et 24 juin 2016, ont eu lieu les deux représentations de notre pièce « Un Ticket pour Soltau » au Théâtre Jean-Claude Drouot à Lessines. Cette pièce a été écrite par Stéphanie Mangez (Compagnie MAPS) et les élèves de l’option histoire et montée grâce à Noha Choukrallah et Thibaut Wathelet (Compagnie MAPS). Les deux représentations ont fait salle comble. Un de nos objectif était donc atteint : diffuser nos recherches historiques parmi un public large, parfois peu enclin à découvrir l’histoire via des livres. Le public était très varié : enseignants, parents d’élèves, adolescents, élèves de primaire, historiens, descendants de déportés, et aussi des Lessinois qui voulaient découvrir un pan de l’histoire de leurs ancêtres vu par le prisme d’adolescents fréquentant l’Athénée de Lessines.
Les échos ont tous été fort positifs de la part de tous les publics concernés, tant les adultes que les jeunes. Des jeunes de l’enseignement qualifiant m’ont posé des questions sur ces déportations de 14-18 après avoir vu la pièce. Ils voulaient en apprendre davantage encore sur cette histoire. La presse et la télévision locale ont aussi relayé le projet : voir le reportage de notélé.
Outre la diffusion de nos recherches à un vaste public, cette expérience théâtrale fut aussi très riche à différents points de vue :
–collectif : on souhait donner la chance à chacun qui le souhaitait d’intégrer le projet, même les timides avec une toute petite voix (surtout eux d’ailleurs… !) et ainsi de se stimuler, de progresser au travers d’un projet collectif.
–historique : le travail de mise en scène nous a amené à continuer notre travail de recherche historique : recherche d’accessoires dans les greniers des élèves, de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose, création de costumes, recherche des couleurs de l’époque, … des émotions. Bref, une histoire incarnée !
–musical : vers la fin du projet, on a souhaité disposer d’une bande son originale avec plusieurs contraintes : une musique diachronique qui permettait de passer sans arrêt d’une époque à une autre (14-18 à aujourd’hui), une musique qui devait évoquer aussi Lessines et ses ouvriers carriers touchés par les déportations (on s’est mis à rechercher les sons des outils il y a 100 ans transposés après par Clément dans une partition pour xylophone), une musique avec des instruments populaires et transportables (crédibles dans les camps : trompette, violon, xylophone et accordéon), une musique qui puisse aussi accompagner les nombreux slams qui jalonnent la pièce et enfin une musique qui puisse convenir au choeur constitué par le grand groupe d’élèves (une trentaine). Merci Clément Bernaert qui nous a composé de superbes musiques pour notre pièce !
Et les élèves, qu’en pensent-ils ?
Quand les ateliers théâtre ont débuté, tous les élèves n’étaient pas vraiment à l’aise : la narratrice dans la pièce, Pauline explique : «Au départ, j’étais vraiment effrayée… C’ était l’ inconnu, je n’ avais jamais fait de théâtre et l’ idée de parler face à un public me semblait juste impossible…». Certains élèves, embarqués dans le projet avec l’option histoire étaient même assez réticents : «j’étais réticente parce que créer une pièce de théâtre demande beaucoup de travail» explique Adélie. Pour Amin, «ce projet semblait peu réalisable».
Puis, au cours des répétitions, il a fallu surmonter quelques difficultés : «La timidité représentait un frein immense… Mais comme pour le reste, en s’armant de volonté, de persévérance et de patience j’ai appris à la surmonter petit à petit» explique Pauline. Le début du travail a semblé assez long parce que les élèves n’imaginaient pas encore le résultat que cela pouvait donner comme l’explique Adélie: «le début de la mise en scène a été très lent, il nous a fallu du temps pour que ça devienne vraiment concret». Puis, pour certains élèves, monter sur scène était vraiment une première et il fallait développer des compétences nouvelles. Ce fut le cas d’Amin pour qui «les plus grosses difficultés étaient d’arriver à retenir son texte et de le jouer avec de vraies expressions».
Mais progressivement, «la sauce a pris» : ils ont fini par croire au projet et devenir un groupe soudé malgré la grande diversité des élèves présents (mélange d’élèves de 4e, 5e et 6e avec une diversité socio-économique et culturelle). Les bénéfices sont multiples : développement de la confiance en soi, d’un esprit solidaire, découverte de ses propres talents mais aussi de ceux des autres.
Adélie : «Pour réaliser un projet pareil, tout le monde doit y mettre du sien et prendre en compte les autres. Pour beaucoup d’entre nous, la pièce a fait ressortir des talents cachés. Au final, on était tous impressionnés des autres et de nous-même».
Pauline : «Au fur à mesure, j’ai appris à leur faire confiance, j’ai réussi à tisser des liens et finalement à trouver ma place. J’ai plus de confiance en moi, en mes capacités, je me sens plus « forte » qu’il y a quelque temps. Il y a à peine 6 mois, jamais je ne me serais crue capable de monter sur une scène. De plus, nous avons rencontré de nouvelles personnes et créé des liens à travers ce projet. Nous avons développé notre esprit d’équipe. Je crois que ça nous a tous rapprochés, nous formons maintenant un groupe soudé, heureux et fier d’ avoir pris part à ce projet certes ambitieux mais réussi !».
Vous n’avez pas eu la chance de voir la pièce ? Une de mes élèves, Ophélie a réalisé une bande annonce de la pièce qui restitue un peu l’ambiance ainsi qu’une version longue de la pièce.